Si la gestion stratégique est source de nuits blanches pour certains responsables en temps normal, c’est pire encore en période de crise ! La gestion des affaires pendant la phase de confinement liée au coronavirus nous a permis de passer de l’exercice à la réalité en quelques jours, dans la plupart des secteurs économiques.
Alors, qu’est-ce qui change en temps de crise ? Fondamentalement, il s’agit toujours prioritairement de comprendre le contexte, d’identifier les parties touchées par le problème à gérer, puis de fixer un but qui permette de mettre en œuvre des actions convergentes, en tenant compte des ressources disponibles. Mais tout va beaucoup plus vite que normalement. Le succès ou l’échec sont peut-être même liés à cette première nécessité d’agir rapidement.
C’est la raison pour laquelle on chamboule souvent l’organisation même des entités dans les moments critiques, en mettant en place une « task force », soit un groupe de personnes sélectionnées en fonction de leurs compétences pour gérer temporairement les opérations. Ce groupe devrait avoir une grande liberté d’action. Vous imaginez facilement que de la confiance et la crédibilité jouent ici un immense rôle.
Les mains libres mais l’esprit lié par le but à atteindre, ces personnes vont donc rapidement esquisser les objectifs à atteindre, et répertorier les ressrouces disponibles et utiles pour entreprendre ce qu’il faut. Durant la crise du Coronavirus par exemple, ce dernier paramètre a beaucoup handicapé nombre d’organisations … car tout le monde était en mode « crise » ! Ainsi, vos interlocuteurs externes habituels sont parfois hors jeu, et vos coéquipiers sont attachés à leur propre survie. En clair, une partie de vos leviers connus sont inutilisables.
L’agilité est donc tout aussi importante que les procédures en temps normal. Il s’agit de simplifier les schémas, de savoir exactement ce qu’on veut atteindre dans quels domaines, et de mettre en œuvre tout le possible pour parvenir à ses fins, sans relâche. Cette agilité doit pourtant être subordonnée aux valeurs de l’entité. Sinon, gare aux dérapages, puis aux critiques lors du retour à la normale !
Pour résumer la stratégie de crise, disons qu’il faut faire confiance à une équipe réduite, qui soit capable d’actionner rapidement le réseau et les ressources nécessaires pour atteindre le but recherché. Mais pour que ce dernier soit correctement défini et que tout se déroule correctement, il est nécessaire de partager des valeurs fortes au sein de l’entité, parce qu’on n’a pas le temps de faire valider chaque étape comme il le faudrait.
Ces fondements ne peuvent bien entendu pas s’improviser en temps de crise : c’est trop tard. Ils doivent être cultivés en temps normal, tout comme le réseau qui peut aider en période difficile, grâce à des coopérations et des échanges mutuellement fructueux. Vous trouverez dans bon nombre de fables des références utiles pour illustrer le propos…